Notre histoire

Par ses quelques lignes je vais essayer de raconter un peu mon histoire, notre histoire et surtout l’histoire de l’élevage des Néaudes.


Je me présente, je m’appelle Sébastien Peyron, à l’heure où j’écris ce texte j’ai 30 ans … et voilà 15 ans que les welsh rythment ma vie.


Tout commence un soir d’août 2005, alors âgé de 15 ans j’étais à la recherche d’un stage pour ma 3e par alternance puis mon BEPA. Étant cavalier dans un club de la région montluçonnaise, j’avais souvent vu cet homme avec son Peugeot j9 bétaillère et ses poneys bruyants hébergés par le club pendant les crues du cher, où au bord des carrières de CSO lorsque je faisais le groom des cavaliers de concours du club … Et le jour venu de trouver un stage c’est vers lui que je me suis tourné. Mon père et moi arrivions donc dans la cour de Magnette, à la rencontre de cet homme qui m’impressionnait tellement. Heureux d’accueillir « le groom » comme vous m’appeliez à l’époque, lorsque j’ai évoqué mon souhait de venir en stage chez vous, tout n’était pas gagné … Un peu refroidis par quelques mauvaises expériences avec des stagiaires auparavant Mr et Mme Cassier avaient décidé de ne plus en prendre et ayant passé les 70 ans Mr Cassier envisageait de ralentir l’élevage. Après un long échange vous décidiez quand même d’accepter ma demande à la condition que je rentre chez mes parents le soir car Mme Cassier ne voulait plus assurer l’intendance pour les stagiaires.


Me voici donc embarqué dans l’aventure au milieu de 70 poneys dont 16 poulinières et 4 étalons ! Et quelle aventure ! Je n’étais pas au bout de mes découvertes, avec mon expérience de cavalier de club, la remise en question fut complète devant les poneys d’élevage ! Je me souviens comme si c’était hier de dragonne qui me faisait peur lorsque nous devions la changer de près, elle rugissait et ne tenait pas en place, navette ou papillon qui m’en faisait voir pour les attraper, Quiz Game qui était impossible à vermifuger, Iram qui me faisait traverser la cour en ski nautique, Jade et ses coups de tête, Belle et son don pour écraser les pieds … Je pourrais raconter cela pendant des heures et des heures.


Tout n’a pas toujours été facile, l’école était celle d’un homme de cheval pour qui tout était logique et inné, mais pour moi beaucoup de choses étaient nouvelles. Je l’entends encore dire « Tu vois mon pauvre Seb, dans tous les domaines c’est la même histoire : tu as un vieux qui sait faire mais qui ne peut plus, et un jeune qui peut mais ne sais pas » et c’était exactement ça. Comme vous avez été patient… Passionné par l’idée de transmettre votre savoir, et même si une quantité de « bon Dieu » a résonné, vous expliquiez, encore et encore, toujours avec un mot d’encouragement et en donnant du sens. Quand le chemin d’un ado un peu perdu dans beaucoup de choses croise une personne comme cela, il se structure et avance différemment, et il est pour une très grande partie l’artisan de qui je suis aujourd’hui.


Les années passèrent vite, très vite, trop vite … après trois ans en tant que stagiaire à l’élevage, il était pour moi venue le temps de changer de structure pour faire mon bac Pro, me voici donc parti chez les « grands chevaux », chez Marie Noelle Piat j’ai découvert les Anglo et Selle Français sur une exploitation avec plusieurs ateliers de production, mais sans être jamais très loin de l’élevage d’Audes, allant de temps en temps aider pour des poneys compliqués, pour les sevrages, garder l’élevage lors des concours … Il y avait de nouveau des stagiaires, Alycia, Marine, Charlotte, Léa … et j’en oublie. L’élevage d’Audes vivait et c’était un plaisir d’y aller régulièrement pour suivre tout ce petit monde.


À la suite de mon bac, je suis entré chez Lidl pour une semaine à la base, mais j’ai oublié de repartir me conduisant au poste auquel je suis aujourd’hui. Tout au long de ces années j’étais ponctuellement à l’élevage, puis de plus en plus, en 2014, étant à la recherche d’un logement Mr Cassier m’a proposé une des dépendances de l’élevage, me voici donc de retour, mais avec mes meubles ! Le temps faisant et étant à proximité direct j’étais de plus en plus sollicité, pour mon plus grand plaisir. Les poneys nous donnent tellement et c’était un tel plaisir d’échanger nos points de vue pendant nos longs voyages en camion. Puis un matin Quiz-Game est parti, Icare à son tour, Mazda, Souris, Dragonne … comme le terrible rappel que le temps avançait …


Un soir d’hiver le moment que je redoutais et arrivé, après avoir soigné les poneys au moment de repartir de Magnette, Mr Cassier m’interpelle et me dit « Demain matin, une dame vient voir les poulinières suitées, elle prendra qui elle veut il est temps d’arrêter. » … le monde s’effondrait … je savais que ce jour arriverait, mais je ne voulais pas le voir arriver … Je ne pouvais pas laisser s’éteindre tout ce travail, cette passion, les années de sélection, l’amour donné aux poneys, je ne pouvais pas laisser tout cela s’arrêter et partir comme si de rien n’était. Il fallait préserver au moins une partie de tout cela. N’ayant pas la capacité financière de racheter l’exploitation complète, nous décidions de retourner à Magnette pour demander à Mr Cassier de nous vendre une poulinière. La maison était fermée, Mme Cassier nous ouvre, et je leur expose mon sentiment face à la fin de l’élevage et ma volonté de continuer. À cela Mr Cassier me répond : « J’espérais que tu te manifestes, je te laisse en choisir une », c’est alors que Quinine nous a rejoints, puis Jade.


Au printemps suivant Idole et Iéna sont nés, début juin tous les poulains était nés, quelques jours après la dernière naissance Mr Cassier a été hospitalisé, la décision de vendre les poneys a été prises. Les jours avançaient et les prés se vidaient … Les uns après les autres nous regardions partir les petits ; les poulinières, Canari … Jade et quinine étaient avec nous, puis Tébelle et Ilias grâce à l’intervention de Sophie, puis Gitane grâce à mon frère … Jusqu’à ce jour d’octobre 2018, ou à 19h mon téléphone a sonné… Une voix tremblante au bout du fil, celle de Mme Cassier qui m’annonçait votre départ …


Quelques semaines avant, vous m’aviez dit « continue de bien travailler », chaque jour j’essaie d’être à la hauteur de cette promesse… Je n’ai jamais eu le courage de demander à continuer l’élevage d’Audes, car c’est le symbole d’une vie de travail et j’avais une forme de culpabilité à le reprendre. Nous avons cherché un affixe faisant référence et « des Néaudes » nous est venu à l’esprit, l’élevage d’Audes était présent et « néo » faisait référence au changement, à la nouveauté. L’aventure continuait !


Nous avons eu la possibilité de racheter une partie de l’exploitation début 2020, ce qui nous a permis de rester sur les terres de l’élevage d’Audes, chose très importante à nos yeux. Puis nous avons commencé les shows, fait de belles rencontres, des nouveaux poneys nous ont rejoints, la structure évolue … Mais tout ça nous en parlerons dans quelques années.


Il était important pour moi de vous présenter un peu cela pour donner du sens à beaucoup de choses, je me lève chaque jour pour honorer cette promesse, sacrifiant beaucoup de choses mais recevant tellement également merci à tous ceux qui me suive, m' aide et m'apporte leur soutien.


Share by: